Futur président du syndicat France eau biosurveillance
Actu-environnement : Pourquoi les acteurs de la biosurveillance souhaitent créer un syndicat professionnel ?
Laurent Viviani : Notre syndicat devrait s'appeler France eau biosurveillance (1) .
Nous sentons que nous sommes à un momentum. Du côté des agences de l'eau, l'écotoxicologie (2) pourrait être introduite dans le cadre de la Directive cadre européenne sur l'eau pour savoir quand réaliser des mesures chimiques, car nos outils sont très intégrateurs. Du côté des industriels, ils souhaitent comprendre s'ils ont un effet ou pas sur le vivant avec leurs rejets.
Nous souhaitons structurer l'offre ecotox pour développer le marché : faire en sorte qu'il y ait une lecture claire de ce que ces outils peuvent apporter, dans quel cas les utiliser, comment les interpréter, etc. Nous voulons également proposer un seul interlocuteur à l'État.
Enfin sur un plan plus général, le cadre du contrat stratégique de la filière eau prévoit la création d'une structure française de la biosurveillance. Ce dernier a été signé à Rennes pendant le Carrefour de l'eau, en janvier 2019. Il était prévu pour une période de deux ans, mais il devrait être rallongé de six mois.
A-E : Comment se structurera France eau biosurveillance ?
LV : Le noyau des fondateurs et les statuts sont prêts. Le syndicat devrait être constitué de deux collèges : celui des entreprises qui proposent, qui conçoivent des solutions de biosurveillance aux acteurs de l'eau, mais également celles qui les utilisent. Nous serons une trentaine d'adhérents entreprises.
L'autre collège sera celui des « institutionnels » dans lequel figurera le ministère de la Transition écologique, celui de l'Économie, l'Office français de la biodiversité, les agences de l'eau, l'Institut national de l'environnement industriel et des risques (Ineris), l'Association française de normalisation (Afnor), le Laboratoire national de métrologie et d'essais (LNE), l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (Inrae), France Water Team, etc.
A-E : Quels sont les objectifs de votre syndicat ?
LV : Nous allons nous calquer sur les objectifs définis pour aboutir au développement d'une filière française de la biosurveillance. Nous avons trois grands buts principaux.
Tout d'abord, nous voulons mettre en place un process de validation des outils de mesures. Il nous reste à trancher qui le validera mais la construction est conduite par le LNE et l'OFB.
Ce process s'appuie sur une vérification européenne : l'environmental technology verification (ETV). Ce programme permet de vérifier les allégations de performances des écotechnologies.
A-E : Pourquoi voulez-vous développer un autre process de validation que l'ETV ?
LV : Le process ETV est très compliqué, lourd et cher : environ de 20 à 30 000 euros. L'idée est de faire un process simplifié et donc moins coûteux. Le programme ETV est également peu connu. Nous souhaitons, à travers le syndicat, faire connaître ce process simplifié pour qu'il devienne un signe de confiance.
A-E : Quels sont vos deux autres objectifs ?
LV : Le deuxième est que nous devons trouver les leviers pour favoriser l'utilisation de ces outils par des acteurs tels que les gestionnaires publics, comme les agences de l'eau, les installations classées pour la protection de l'environnement (ICPE) ou les gestionnaires de stations d'épuration.
De manière générale, quand ils sortent du cadre réglementaire, les outils sont utilisés avec parcimonie.
Nous avançons sur la création d'un guide technique qui sera distribué aux acteurs de l'eau mais aussi au service comme les directions régionales de l'environnement, de l'aménagement et du logement (Dreal), la direction départementale des Territoires (DDT). L'objectif est de les guider dans l'emploi de ces outils, de leur montrer qu'en les utilisant dans tel cadre, ils auront telle réponse. Le guide est réalisé sur la base des travaux du groupe de travail bio-essai conduit par l'Ineris et l'OFB. Au départ, ce groupe de travail avait été créé pour formuler des recommandations dans l'optique d'une possible révision de la Directive cadre sur l'eau.
Enfin, le dernier objectif concerne des actions d'informations avec, par exemple, des journées techniques, des webinaires en direction des acteurs de l'eau, avec l'appui de la Direction de l'eau et de la biodiversité (Deb) et de la Direction générale de la prévention des risques (DGPR).
A-E : Le lancement du syndicat, initialement prévu le 2 avril, a été repoussé à cause de l'épidémie du Covid-19. Avez-vous une visibilité sur une prochaine date ?
LV : Nous avions effectivement une réunion prévue à Bercy le 1er avril. Tout est prêt. Nous avons un soutien fort de la Direction générale des entreprises.
Notre lancement a été repoussé à l'après-confinement.